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La pédagogie derrière Moodle

Définition de la pédagogie

La pédagogie est définie par Wikipedia (consulté en 10/2019) comme l’art de l’éducation. Le terme rassemble les méthodes et pratiques d’enseignement requises pour transmettre des compétences, c’est-à-dire un savoir (connaissances), un savoir-faire (capacités) ou un savoir-être (attitudes). Le Larrousse nous rappelle cependant qu’il s’agit ici de l’ensemble des méthodes utilisées pour éduquer les enfants et les adolescents, et qu’il est préférable de parler d’andragogie dans un contexte de formation d’adulte.

Le terme « pédagogie » étant celui le plus communément utilisé, nous l’utiliserons dans les suite de cet article.

Les possibilités offertes par Moodle

Afin de permettre la mise en œuvre des principes pédagogiques, Moodle propose des activités et des ressources. Une vingtaine d’activités et de ressources sont proposées, et chacune peut être customisée. La puissance de ce modèle basé sur des activités est que celles-ci peuvent être combinées en séquences et en groupes et chacune peut être construite sur les résultats de la précédente, ce qui aide l’étudiant dans son parcours d’apprentissage (principe pédagogique de l’alternance).

Certains autres instruments peuvent également simplifier la construction d’une communauté d’utilisateurs, comme le blog, la messagerie, le forum, etc…

Le constructivisme social et Moodle

Les cinq affirmations suivantes font partie de chacune des présentations de Martin Dougiamas, l'”inventeur” de Moodle. Ce sont des références utiles tirées de recherches qui s’appliquent à la formation en général, et qui permettent de créer une simple liste définissant le “socio-constructivisme”. Ces affirmations sont parfois appelées les “cinq règles de Martin”.

Enseignants et apprenants

Nous sommes tous des enseignants potentiels autant que des apprenants ; dans un environnement réellement collaboratif, nous sommes les deux.

Il est vraiment important de s’en rendre compte et de s’en souvenir.

Je pense que cette perspective nous aide à garder de l’humilité en tant qu’enseignant et combat notre (très naturelle !) tendance à consolider la totalité de notre parcours et à prendre la position vénérée de « sage source de la connaissance ».

Cette affirmation nous aide à garder les yeux grands ouverts sur les opportunités permettant aux autres participants de notre situation d’apprentissage de partager leurs idées avec nous, à nous rappeler de les écouter attentivement et à poser de bonnes questions qui portent de plus beaux fruits que d’autres.

Comment cette règle est-elle implémentée dans Moodle ?

La plupart des activités de Moodle sont prévues pour permettre aux étudiants de créer du contenu, comme les forums, wikis, glossaires, bases de données, messagerie, … Cela encourage les étudiants à augmenter l’expérience globale du cours, pour les autres.

Depuis Moodle 1.7, un grand pas a été fait avec un tout nouveau système de rôles qui rend obsolète la distinction entre enseignant et étudiant, et permet aux administrateurs de Moodle, ainsi qu’aux enseignants de créer des rôles personnalisés en mixant les capacités de leur choix. Si vous voulez permettre aux étudiants de modérer les forums, créer des questions de test ou même contrôler le parcours du cours, vous le pouvez. Il y a un degré de contrôle très fin – par exemple vous pouvez autoriser les étudiants à supprimer des messages dans un seul forum, si c’est votre souhait.

Impliquer d’autres personnes

Nous apprenons particulièrement bien en créant ou en exprimant quelque chose à l’attention d’autres personnes.

Pour la plupart d’entre nous, c’est classiquement « apprendre en faisant ». Même si c’est évident, cela vaut la peine de le rappeler.

Il est surprenant de voir à quel point l’enseignement en ligne se compose encore souvent de présentation statique d’informations, donnant peu de place aux apprenants pour qu’ils pratiquent les activités qu’ils sont en train d’apprendre. Souvent des enseignants en ligne préparent avec grand soin et beaucoup de temps de parfaites ressources pour leurs cours, ce qui est sans aucun doute une excellente expérience d’apprentissage pour eux-mêmes, mais qui enlève à leurs étudiants cette même expérience. Même les manuels y arrivent souvent mieux, avec des exercices après chaque chapitre.

Plus important encore, cette pédagogie est la plus efficace quand vos messages, projets, devoirs, constructions, etc… sont visibles des autres. Vous vous mettez alors davantage en situation de risque, impliquant une plus grande réflexion, davantage de relecture, permettant un meilleur apprentissage. 

Comment cette règle est-elle implémentée dans Moodle ?

Moodle possède un grand nombre d’outils permettant aux gens de représenter leurs connaissances et de les partager.

La structure du cours en elle même est un très bon moyen de construire une représentation partagée et active du parcours d’enseignement que chacun suivra.

  • Les forums de cours en sont le cœur, fournissant des espaces pour discuter et partager des documents et différents médias (en utilisant le filtre « media plugin », des fichiers joints, ou de simples liens).
  • Les wikis sont des pages construites de façon collaborative utiles pour un travail de groupe et d’autres négociations.
  • Les glossaires sont des listes de définitions, créées de façon collaborative, qui peuvent apparaitre partout dans un cours.
  • Les bases de données sont une extension de cette idée, permettant aux participants de saisir des données structurées de n’importe quel type (par exemple une collection de photos numériques ou un regroupement de références). 

Observer

Nous apprenons beaucoup, simplement en observant l’activité de nos pairs.

Cela concerne la “culture de classe”, ou l’apprentissage par osmose. Les humains savent s’observer entre eux pour apprendre quoi faire dans une situation donnée en fonction d’indices donnés par les autres. 

Par exemple, si vous vous rendez dans une salle de conférence ou chacun est assis sur une chaise, face à l’estrade, écoutant sagement l’enseignant tout en prenant des notes, il y a de fortes chances que vous fassiez de même, non ?

Si vous vous trouvez dans une classe moins rigide où on pose des questions tout le temps, alors il est probable que vous vous sentirez plus libre de faire de même. En faisant cela vous apprendrez à la fois sur le sujet lui-même et sur le méta-sujet de comment l’apprentissage s’est produit en entendant les discussions de vos pairs et les types de questions qui se sont posés, conduisant à une immersion plus riche et multi-dimensionnelle dans l’apprentissage.

Comment cette règle est-elle implémentée dans Moodle ?

La page des participants est l’emplacement principal pour voir tous les participants d’un cours. Elle montre beaucoup d’information sur les participants et leur dernier passage dans le cours.

Un bloc « Utilisateurs en ligne » est le meilleur moyen de voir tous ceux qui pourraient être actuellement connectés.

Le bloc « Activité récente » montre quantité d’informations sur ce qui s’est passé récemment, et en suivant le lien vous pouvez voir des rapports plus détaillés. L’activité récente inclut non seulement les changements dans le cours et les messages sur les forums, mais aussi des choses comme la remise des travaux ou les tentatives aux tests. Les étudiants ne voient pas les résultats que les autres obtiennent à ces activités, mais ils ont des indications sur le nombre de personnes qui ont remis le travail, et cette « pression par les pairs » aide opportunément ceux qui en ont besoin. 

Enfin, presque tous les modules enregistrent leur utilisation et les changements effectués par un utilisateur, de sorte qu’on sait qui a fait quoi, et quand. Par exemple, les pages du wiki ont toutes un historique qui conserve le détail de chaque modification. 

Comprendre le contexte

En comprenant le contexte des autres, on peut enseigner d’une manière plus transformationnelle qui mène au constructivisme.

Comme vous l’avez probablement appris par expérience, les conseils d’un mentor ou d’un ami peuvent fournir une meilleure situation d’apprentissage, plus opportune et personnalisée qu’avec quelqu’un qui ne vous connait pas et s’adresse à une centaine de personnes.

Si on appréhende correctement l’environnement des personnes à qui l’on s’adresse, alors on peut adapter son langage et la présentation des concepts de façon plus adaptée à son auditoire. Vous pouvez utiliser des métaphores qui « parleront » à votre public. Vous pouvez utiliser un jargon lorsque cela aide, ou au contraire l’éviter si cela perturbe.

C’est encore une idée simple – tous les guides pour s’exprimer en public indiquent qu’il faut connaître son auditoire – mais dans l’apprentissage en ligne nous avons besoin de l’avoir particulièrement présent à l’esprit parce que souvent nous n’avons jamais rencontré ces individus en personne et n’avons guère accès à des indications visuelles ou auditives

Comment cette règle est-elle implémentée dans Moodle ?

Il y a plusieurs façons différentes d’avoir des informations sur les autres apprenants. L’accès à ces informations peut être décidé au niveau du site (différents sites ont différentes politiques de confidentialité) : 

  • Le profil utilisateur contient plusieurs champs permettant d’indiquer des informations sur le contexte, etc. En particulier, il y a une photo, qui apparait dans Moodle dès que la personne écrit quelque chose. La photo contient un lien vers le profil.
  • Un recueil des messages écrits sur les forums (et des discussions lancées) par cette personne dans le cours (ou à travers le site).
  • Les blogs individuels permettent aux apprenants d’exprimer des choses d’une façon à la fois publique et réflexive, donnant souvent accès à des réflexions qui ne seraient habituellement pas partagées dans un forum.
  • Les rapports généraux d’activité montrent toutes les contributions d’un utilisateur dans un cours, y compris les travaux remis, les saisies dans le glossaire, etc.
  • Les journaux d’activité des utilisateurs montrent les enregistrements détaillés de chaque action entreprise par une personne dans Moodle, ainsi que des graphiques montrant les statistiques globales d’activité.
  • Le module Questionnaire propose divers outils de questionnement permettant d’obtenir des informations intéressantes sur l’esprit du groupe.

Environnement flexible et adaptable

Un environnement d’apprentissage doit être flexible et adaptable, afin de répondre rapidement aux différents besoins de ses utilisateurs.

En combinant tout ce qui précède, si pour faciliter l’apprentissage vous souhaitez tirer parti des connaissances croissantes de vos apprenants, en leur donnant des occasions sur mesure de partager des idées, de poser des questions et d’exprimer leur savoir, alors vous aurez besoin d’un environnement qui soit flexible, dans le temps et dans l’espace.

Si vous découvrez que vous devez jeter votre planning par la fenêtre car les participants n’ont pas le niveau escompté pour lequel vous avez créé le cours, vous devriez pouvoir réajuster votre planning, et facilement ajouter de nouvelles activités afin d’aider tout le monde (ou juste un groupe) à rattraper. De même, de grandes idées concernant une simulation ou quelque chose d’autre pourraient émerger durant les discussions, c’est pourquoi vous devriez pouvoir les intégrer ultérieurement dans le cours.

Vos participants peuvent être répartis sur différents fuseaux horaires, ou peut-être vivent-ils dans le même fuseau horaire, mais ont des temps libres différents, ainsi vous devriez pouvoir offrir des activités asynchrones grâce auxquelles les gens peuvent travailler ensemble mais à différentes heures.

Jason Cole de l’Open University se référait récemment à cela comme « Les cinq lois de Martin » (ha!) mais ce sont réellement des références : des concepts guide auxquels Martin trouve particulièrement utile de se référer quand il doit prendre une décision dans n’importe quelle situation d’enseignement. En particulier, il les trouve utiles pour créer des communautés d’apprenants.

Il y a fort à parier que vous trouvez une bonne partie de tout cela familier, même si vous utilisez des termes différents. Si ce n’est pas le cas, il existe beaucoup de recherches sur le constructionisme, constructivisme et le socio-constructivisme, à propos desquels vous pourrez trouver plus d’information.

Comment cette règle est-elle implémentée dans Moodle ?

  • La page d’accueil du cours en elle même est l’outil principal de l’enseignant, lui permettant d’ajouter/supprimer et structurer les ressources et activités comme bon lui semble. 
  • Modifier le cours est toujours possible d’un seul clic de souris, permettant à l’enseignant de le modifier dès qu’il le souhaite. Les fonctionnalités AJAX permettent de déplacer les ressources, activités, sections et blocs d’un simple glisser-déposer.
  • Les rôles peuvent être définis différemment dans chaque contexte du site, les réglages de base des différents rôles peuvent alors être légèrement modifiés. Ainsi, si vous voulez créer un quiz unique où tout le monde accède aux résultats de chacun, ou si vous voulez que les parents des apprenants voient une partie de leurs cours, vous pouvez le faire.
  • La navigation dans les cours et le site est générée automatiquement.
  • Le carnet de notes est maintenu automatiquement, et reflète en tout temps les activités du cours.
  • Il y a des préférences pour plusieurs aspects et comportements, au niveau du site, du cours ou des activités, permettant aux enseignants de personnaliser finement le comportement de Moodle de plusieurs façons.
  • Des systèmes externes peuvent être intégrés automatiquement pour assurer l’authentification, l’inscription et d’autres choses, permettant à Moodle de réagir finement dès que les données sont modifiées dans les autres systèmes. 

Trouver un juste équilibre

Laissons s’exprimer Martin Dougiamas :

Avant de parler d’où nous allons, laissez-moi parler un peu de l’équilibre qu’un système de gestion de cours (Learning Management System) comme Moodle doit atteindre. Une chose que j’ai découverte rapidement dans une communauté comme la nôtre est que les gens ont une (trop) large palette d’attentes à propos de l’apprentissage en ligne.

A l’extrême autoritarisme se trouvent ceux qui souhaitent que les étudiants soient hautement contrôlés : lire les ressources mises à disposition à des moments précis, et ensuite répondre à des tests pour vérifier l’acquisition des connaissances des ressources. In English, I’d call this the rat-in-the-maze approach, or dump-and-pump.

A l’extrême technologique se trouvent ceux qui souhaitent déléguer au maximum la gestion, permettant à chaque utilisateur d’avoir son propre site portfolio, avec ses blogs en streaming et des flow RSS et des trackbacks. C’est un rêve intéressant qui ouvre vraiment à (re)penser l’éducation mais je pense que les problèmes à résoudre sont nombreux (comme la sécurité, la responsabilité, la structure des établissements etc).

La plupart des gens que je rencontre se placent quelque part entre ces deux extrêmes. Une grande partie d’entre eux découvrent l’enseignement en ligne, et cherchent la prochaine étape au delà de ce qu’ils étaient payés pour faire en présentiel, tout en acceptant  des conseils pour améliorer leurs techniques en ligne. Ces personnes sont déjà sur une courbe d’apprentissage abrupte sans devoir s’impliquer dans l’agrégation de 100 blogs différents.

Moodle doit être flexible pour couvrir une grande variété de besoins tout en restant assez simple afin que les formateurs ordinaires puissent commencer à bien utiliser la puissance d’Internet pour la création de communautés d’apprentissage collaboratif. Espérons que Moodle peut être vu comme une boîte à outils avec laquelle ils peuvent commencer simplement et naturellement, et, avec le temps, utiliser de plus en plus d’outils avancés dédiés à l’apprentissage en communauté.

Conclusion

J’espère que ce petit article vous fera d’autant mieux apprécier Moodle…

Les informations ont été pour la plupart tirées du site officiel de Moodle, traduit et agrémenté de mes commentaires.

N’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions ou des commentaires sur cet article !