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Je dois avouer que lorsque j’ai entendu parler de la MoodleBox pour la première fois, j’ai été un peu sceptique. Une boîte qui transforme n’importe quel endroit en un espace de travail en ligne ? Cela semblait un peu trop beau pour être vrai. Et pourtant, c’est exactement ce que la MoodleBox fait ! Cette petite merveille de la technologie permet de créer un réseau local et de partager des fichiers, des documents et des ressources pédagogiques sans avoir à se connecter à Internet. Cela peut être particulièrement utile dans les zones où la connexion est instable ou coûteuse, mais cela peut aussi être pratique dans des contextes plus traditionnels, pour créer un espace de travail collaboratif et faciliter la communication entre les membres d’une classe. Alors, prêts à continuer à découvrir cette boîte magique ? Suivez-moi dans la 2éme partie de cet article où vous découvrirez l’utilisation de la MoodleBox ! (Lire la 1ère partie)

L’utilisation de la MoodleBox

Alors, vous vous demandez si installer Moodle sur un micro-ordinateur est vraiment une bonne idée ? Et bien, c’est une question intéressante ! Imaginez que chaque utilisateur doit attendre plusieurs secondes pour que la réponse à la question d’un test soit enregistrée dans la base de données. Ce n’est pas vraiment une situation idéale, n’est-ce pas ? Cela ne crée pas vraiment un environnement pédagogiquement responsable…

Que dire des performances de la MoodleBox ? Le Raspberry Pi 4B (4GB RAM) par exemple est-il suffisamment puissant pour permettre un usage confortable de Moodle ? Et jusqu’à combien d’utilisateurs simultanés ?

Et en pratique… Le Raspberry Pi est-il suffisamment robuste pour un usage nomade ? Et sous les tropiques, ne chauffe-t-il pas jusqu’à être rendu inutilisable ? Comment centraliser les réponses aux tests obtenus localement ?

Autant de questions dont vous allez découvrir les réponses dans la suite de cet article.

Testez la MoodleBox

Les performances de la MoodleBox

Les résultats de tests empiriques avaient déjà été publiés sur les forums Moodle pour un RPi 4 (et pour un RPi 3). Vous trouverez ci-après des méthodes d’évaluation plus objectives, tout en sachant que la capacité du Raspberry Pi à accepter des clients WiFi est limitée par son firmware.

Pour évaluer la performance de la MoodleBox, vous disposez principalement de deux instruments : le plugin Benchmark et JMeter.

Le plugin Benchmark

Installation

Ce plugin est disponible dans de dépôt de plugins de Moodle et est maintenu par Mickaël Pannequin et le mainteneur du projet MoodleBox : Nicolas Martignoni.

Il permet de soumettre automatiquement la MoodleBox à une série de tests :

• vitesse du serveur ;
• vitesse du processeur ;
• vitesse du disque dur ;
• vitesse de la base de données ;
• vitesse de chargement des pages.

Alors, prêts à tester votre MoodleBox et à voir comment elle se débrouille face à un hébergeur ? Suivez ces quelques étapes et mesurez votre performance avec précision. Vous verrez, c’est un jeu d’enfant !

Installez le plugin dans votre Moodle en suivant la procédure normale d’installation dans Administration > Plugins > Installer des plugins.

Utilisation

Une fois le plugin installé, rendez-vous vers Administration > Rapports > Benchmark et cliquez sur Lancer le Benchmark après avoir lu les recommandations d’usage. Le résultat s’affiche pour chacun des aspects testé et est synthétisé en un score unique.

Pour comparaison, j’ai également lancé ce test sur une de mes installations Moodle en hébergement partagé chez Gandi.fr.

Description	Durée (MoodleBox 4B – 4GB)	Durée (Hébergeur – 3 CPU – RAM jusqu’à 1Go)	Limite acceptable	Limite critique
Temps de chargement de Moodle	0.032	0.062	0.5	0.8
Rapidité de calcul du processeur	0.156	0.116	0.5	0.8
Performance de lecture de fichiers	0.048	0.110	0.5	0.8
Performance d’écriture de fichiers	0.192	4.866	1	1.25
Performance de lecture de cours	0.068	0.051	0.75	1
Performance d’écriture de cours	0.092	0.007	1	1.25
Performance de la base de données (n°1)	0.012	0.009	0.5	0.7
Performance de la base de données (n°2)	0.027	0.022	0.3	0.5
Temps de connexion du compte utilisateur anonyme	0.002	0.050	0.3	0.8
Temps de connexion d’un compte utilisateur bidon	0.006	0.059	0.3	0.8
Durée totale	0.635 s	5.352 s
Score de synthèse	64	536

Pour plus de références sur les scores présentés, vous pouvez consulter cet article du forum Moodle.

Alors que la configuration de Moodle chez l’hébergeur présente un score moyen mais normal, la MoodleBox se défend bien. En supprimant le mauvais score de l’écriture de fichiers chez l’hébergeur, vous pouvez conclure que la MoodleBox est aussi rapide qu’un hébergement partagé ! Pas mal pour un micro-ordinateur…

♺ Conclusion : l’utilisation du Moodle sur la MoodleBox est aussi confortable que son utilisation sur un site classique.

Le plan de test JMeter

Présentation de JMeter

Apache JMeter est un outil de test de performance open source utilisé pour tester la performance de diverses applications, notamment les applications web, les services REST et les applications mobiles. Il permet de simuler des utilisateurs concurrents qui accèdent à une application et mesure les temps de réponse et les taux d’erreur pour chaque requête.

JMeter est écrit en Java et est disponible sous forme de logiciel standalone ou de plugin pour Apache. Les résultats des tests peuvent être visualisés sous forme de graphiques et de tableaux de bord, ce qui permet de facilement identifier les goulots d’étranglement et de trouver des solutions pour améliorer les performances de l’application.

La mise en place de l’outil est facilitée par la capacité de Moodle à générer des scénarios de test (Administration > Développement > Créer un plan de test JMeter) spécifiques pour les cours et les utilisateurs existants. Cependant, l’outil est complexe et sa mise en oeuvre dépasse le cadre de cet article. J’ai donc recherché si un utilisateur ou un chercheur avait déjà tenté de tester la MoodleBox avec JMeter…

Environnement de test

Riyad Dhuny et Nawaz Ali Mohamudally ont, dans leur thèse Évaluation des performances d’un ordinateur monocarte portable en tant que pile LAMP à 3 niveaux sous les systèmes d’exploitation 32 bits et 64 bits (Performance evaluation of a portable single-board computer as a 3-tiered LAMP stack under 32-bit and 64-bit Operating Systems), tenté d’évaluer le gain en performance qu’aurait apporté l’utilisation de la MoodleBox sous une distribution Debian 64 bits (alors que la MoodleBox sur RPi 4 tourne sous une version de Debian 32 bits). Et les auteurs proposent également les résultats que vous recherchez concernant les performances de la MoodleBox.

Pour cela, ils ont utilisé deux RPi 4 avec 4 Go de mémoire dans les expériences. Les RPI fonctionnaient à une vitesse d’horloge de 1,5 GHz. Les deux RPI étaient alimentés par des adaptateurs USB capables de fournir plus de 3,1 A, et des ventilateurs CPU ont été installés pour maintenir la température en dessous de 60° Celsius. Le premier RPi 4 a été défini comme serveur Web, d’application et de base de données , et l’autre a agi en tant que client envoyant des demandes de page au serveur.

Plans de test

Des plans de test ont été ensuite été créés par le générateur de plans de tests JMeter de Moodle avec des classes de tailles variables et un nombre de cours variables:

• xx utilise un maximum de 10 utilisateurs simultanés avec une montée en puissance d’une période de 1 ;
• ss utilise un maximum de 30 utilisateurs simultanés avec une montée en puissance d’une période de 6 ;
• nm utilise un maximum de 100 utilisateurs simultanés avec une montée en puissance d’une période de 40 ;
• m3 – m9 utilise de 30 à 90 utilisateurs (incréments de 10) avec une montée en puissance d’une période de 40 ;
• millimètre avec un maximum de 100 utilisateurs avec une montée en puissance d’une période de 40.

Indice de mesure

Dans l’étude de Riyad Dhuny et Nawaz Ali Mohamudally, l’indice Apdex est utilisé pour mesurer la satisfaction de l’utilisateur quant au temps de réponse de l’application. Alors, imaginons que vous avez un serveur qui doit répondre dans les 500 ms (ms) pour que votre utilisateur soit satisfait. Et supposons que vous avez déterminé que le seuil de frustration de cet utilisateur était de 1500 ms. Cela signifie que, si votre serveur met plus de 1500 ms à répondre, votre utilisateur sera frustré. Comment exprimer cette valeur sous forme de rapport ? Et bien, c’est très simple ! Il vous suffit de diviser le seuil de frustration (1500 ms) par le temps de réponse satisfaisant (500 ms), et vous obtenez un rapport de 1:3.  Ce ratio représente un utilisateur capable d’attendre seulement trois fois plus longtemps que prévu. C’est ce rapport de 1:3 qui a été utilisé par nos chercheurs.

Les résultats Apdex vont de 0 à 1. Un excellent score se situe entre 1,00 et 0,94, un bon score entre 0,93 et ​​0,85, un score correct entre 0,84 et 0,70 et un mauvais entre 0,69 et 0,49. Tout nombre inférieur est inacceptable.

Résultats du test

Les résultats obtenus pour le RPi 4 dans sa configuration 4GB de RAM et utilisation d’une carte SD sont les suivants :

xx	ss	nm	m3	m4	m5	m6	m7	m8	m9	millimètre
0.891	0.791	0.659	0.606	0.423	0.398	0.383	0.378	0.371	0.365	0.373
Bon	Correct	Mauvais	Mauvais	Inac.	Inac.	Inac.	Inac.	Inac.	Inac.	Inac.

♺ Conclusion : la limite d’entre 20-30 utilisateurs simultanés avait déjà été avancée empiriquement. Les tests de charge prouvent que 30 utilisateurs simultanés est la limite maximale assurant une utilisation avec un confort acceptable.

Cas d’utilisation de la MoodleBox

Alors, prêts à découvrir comment la MoodleBox est utilisée dans la vraie vie ? Suivez-moi dans la suite de cet article et laissez-vous emporter par les retours d’expérience des experts en la matière. Vous verrez, c’est fascinant !

Mali, Tchad, RDC et Rwanda

Le projet

Daniel Méthot est impliqué dans un projet en partenariat avec Formation Sans Frontières Mali et Alain Sossah, le responsable de l’association, se charge de la mise en oeuvre de la MoodleBox sur le terrain. « L’association accompagne les acteurs de la formation dans la conception et la mise en place de dispositifs locaux de formation innovant » précise Alain. Elle se charge de diffuser la MoodleBox modestement en République Démocratique du Congo (Nord Kivu pour l’instant), au Tchad, au Rwanda et évidemment surtout au Mali.

Les cantines

Les MoodleBox sont utilisées là-bas, comme élément central de « cantines » (coffre de voyage, NdA.) de formation contenant aussi des tablettes, ou des ordinateurs, un powerbank ainsi qu’un pico-projecteur dans le cadre de formations itinérantes. « Par exemple dans le cadre de l’état civil pour lequel j’ai installé une plateforme et effectue actuellement des formations. » ajoute-t-il. « Oui, renchérit Alain, c’est un outil pertinent et adapté aux conditions de l’Afrique« .

De même, elles sont un point d’appui pour des apprentis nomade en formation chez des artisans afin que ces mêmes apprentis puissent y puiser leur formation théorique. Ce que les artisans ne savent pas, ou n’ont pas le temps de dispenser. Un système a été mis en place à Kidal (avec l’ONG PROMAN du Luxembourg), zone actuellement assiégée.

Introduire une nouvelle technologie n’est pas toujours facile. Alain nous raconte, « La principale difficulté au début avec des publics ayant une faible culture des TIC est la prise en mains de l’outil avant qu’il soit au service de la formation. Autrement sur le plan de la technologie je ne rencontre pas de problème spécifique que je n’arrive pas à résoudre sur le terrain« .

Contactez Daniel ou Alain pour plus de précisions sur ce projet.

Ghana

L’organisation SABIER

SABIER (Stone Arch Bridge Initiative for Education Resources) est une organisation à but non-lucratif finançant des projets de soutien des enseignants et des étudiants pour qu’ils puissent utiliser du contenu gratuit sous licence ouverte sur des systèmes de gestion de l’apprentissage. Dan McGuire, son fondateur, utilise Moodle depuis 2006 mais a acquis la première MoodleBox du projet en mai 2022. Celle-ci sert dans le cadre du programme Rural Literacy Solutions (RLS) à Tamale, au Ghana. Ce projet est dirigé en partenariat avec le directeur de RLS, Peter Amoabil.

« Nous avons rencontré Peter pour la première fois (via Linkedin) en août 2022, il utilise maintenant avec succès des matériaux numériques dans une salle de classe. Les élèves de Peter sont super excités. Ni eux, ni leurs familles, ni l’école n’ont jamais eu d’appareils WiFi auparavant. Ils n’ont pas de service Internet et le service cellulaire est trop cher pour ces familles. Nous avons envoyé des smartphones Android d’occasion que j’ai pu acquérir. Une chose que Peter a faite et que je trouve très innovante a été de télécharger des livres d’AfricanStoryBook en anglais et en dagboni, la langue locale – l’anglais est la langue officielle du Ghana. » précise Dan.

Livres numériques et dagboni

Peter a obtenu des livres numériques gratuits d’African StoryBook en anglais et en dagboni, la langue traditionnelle des familles autour de Tamale. Les élèves aiment vraiment lire leur propre langue sur des appareils numériques. C’est une première dans la région nord du Ghana.

Dan continue : « Peter utilise des cours REL disponibles via MoodleNet et via le Minnesota Partnership for Collaborative Curriculum. Il faut souligner que le contenu est REL (Ressource Educative Libre, NdA.), donc Peter est en mesure de modifier le contenu pour répondre aux besoins de ses élèves« .

Mais la MoodleBox a-t-elle dû être adaptée au climat local ? « Non, affirme Dan, Tamale, dans la région nord du Ghana, n’est pas beaucoup plus humide que le Minnesota aux États-Unis où je vis« .

Le futur

Dan a aussi l’ambition de développer le projet : « nous nous concentrons sur l’utilisation de Moodle en tant qu’outil pédagogique, nous examinerons donc comment Moodle fonctionne dans l’environnement d’enseignement et d’apprentissage local particulier. MoodleBox rend simplement Moodle disponible sans accès à Internet. Les cours de développement professionnel pour les enseignants seront rendus accessibles au public pour que d’autres puissent les utiliser et les adapter à leur situation particulière via MoodleNet. Nous documenterons également les changements que l’utilisation de MoodleBox apporte aux enseignants et aux étudiants par rapport à ce qu’ils faisaient auparavant. Nous rendrons aussi le programme créé pour le projet accessible au public via MoodleNet ».

« Je pense que la capacité des enseignants à modifier le contenu du programme sera très utile et fournira à la fois du contenu et de nouvelles pratiques pédagogiques qui seront utiles dans de nombreux contextes – même ceux disposant d’un accès à Internet. Peter pense qu’il existe de nombreux endroits possibles dans la région nord du Ghana où une MoodleBox sera utile. C’est juste une question de temps et d’argent pour se développer« , conclut-il.

Ce projet vous intéresse ? Contactez Dan ou soutenez l’effort de cette organisation.

Zimbabwe

Le projet

Ian Amess est un Zimbabwéen de 3ème génération d’origine européenne. Educateur chrétien, il s’est fait une mission d’apporter l’éducation et la religion dans les zones rurales de son pays.

Dans ce cadre, Ian a créé la ChatterBox (acronyme de Church Activities, Theological Training, and Education Resources in a Box) : une boîte en plastique renforcé contenant entre autres une MoodleBox.

Ian nous précise la vision et la mission de son organisation.

« Nous souhaitons :

• former des pasteurs ruraux et des chefs d’église qui ne sont généralement pas en mesure de voyager et de recevoir une formation dans les grandes villes ;
• fournir des ressources pour l’église (par exemple, l’école du dimanche, le discipulat, l’évangélisation) ;
• fournir des ressources à la communauté (informations agricoles, ressources de santé, etc.) ;
• offrir des possibilités d’éducation aux enfants défavorisés (et à leurs enseignants) grâce à l’accès à un Internet organisé, à des manuels, à l’académie Khan, à PhET et à une variété d’autres ressources.« 

« Je construis les unités sur base de Raspberry Pi importés, ajoute Ian, et installe les programmes de formation, distribue et forme les communautés rurales à l’utilisation de cette ressource« .

Les défis

Deux principaux problèmes concernant l’éducation en ligne au Zimbabwe sont le coût (ou le manque) d’accès à Internet et l’incertitude de l’approvisionnement en électricité. Ian ajoute : « Par exemple, dans la première quinzaine de décembre, notre autorité d’approvisionnement en électricité ne pouvait fournir que jusqu’à 6 heures d’électricité par jour et je ne me souviens pas quand nous avions deux jours ou plus d’approvisionnement continu en électricité – même dans la capitale« .

La solution trouvée est d’utiliser la MoodleBox et de l’alimenter grâce à l’énergie solaire pour surmonter le problème de l’électricité.

Mais d’autres difficultés surgissent, souligne Ian. « Un autre problème, qui n’est pas spécifiquement lié à l’éducation en ligne mais à l’éducation en général, est le coût des manuels. Le coût de fourniture de manuels pour 10 étudiants suivant notre cours de certificat dépasse le coût de construction d’une ChatterBox. Notez que nous fournissons également une formation de niveau diplôme, ainsi que des milliers d’autres ressources pour les écoles et la communauté – par conséquent, le rapport coût/utilisation de cette solution basée sur la MoodleBox est excellent« .

La ChatterBox

Les conditions d’utilisation de la MoodleBox en zones rurales et tropicales sont évidemment très particulières. Ian a utilisé sa connaissance du terrain pour créer la ChatterBox, une solution tout-en-un directement utilisable sur le terrain. Et il accepte de partager avec vous le fruit de son travail !

La ChatterBox est une boîte en plastique renforcé (doublée de polystyrène), munie d’un couvercle. Ian nous la décrit : « L’intérieur est garni du matériel nécessaire :

1. interrupteur à l’extérieur de la boîte qui agit comme interrupteur marche/arrêt (il est important que le gestionnaire fasse un arrêt logiciel avant d’éteindre). Il connecte la batterie 12v à un ventilateur 12v et un convertisseur abaisseur 12v à 5v (UBEC) et au Pi à l’aide de broches GPIO (brancher l’alimentation directement sur les broches GPIO permet d’accéder à un ampérage supérieur, le connecteur externe étant bridé à 2,5A, NdA.) ;
2. contrôleur de charge MPPT (le plus petit que je puisse trouver) ;
3. ventilateur 12v pour garder tout au frais – certaines zones dans lesquelles je travaille peuvent atteindre une temperature de 42 degrés Celsius à l’ombre !
4. batterie LiFePO4 12v 8ah (Lithium pour la longévité – d’où le contrôleur MPPT plutôt qu’un PWM). A noter que j’utilise entre 1 et 3 batteries selon l’utilisation. 1 batterie d’une autonomie allant jusqu’à 8 heures sans charge et utilisée pour les unités d’entraînement mobiles. 3 batteries pour les unités statiques et fonctionne 24h/24 et 7j/7 ;
5. Pi (j’utilise Pi 3 ou Pi 4 selon ce à quoi j’ai accès). J’utilise également un RTC (Real Time Clock, NdA.) et connecte l’alimentation via les broches GPIO ;
6. point de connexion pour panneau solaire. 50w pour 1 batterie jusqu’à 100w pour 3 batteries.

L’intérieur de la boîte est doublée de polystyrène qui semble adéquat et absorbe la plupart des chocs pendant le transport. Ian précise « J’ai quelques enseignants qui attachent la boîte au porte-bagage de leur moto et qui la transportent ainsi dans des régions éloignées !« .

Notre génial bricoleur est enthousiaste : « La MoodleBox est une brillante invention et tout le crédit revient à Nicolas (Nicolas Martignoni, le mainteneur de la MoodleBox, NdA.), donc je n’ai eu besoin d’aucun autre développement logiciel« . Cela dit, « J’ai constaté que les cours formels utilisant la plate-forme Moodle ne représentent qu’une partie mineure du package total. J’ai un accès libre à la plupart des ressources qui sont présentées sous forme de lien URL dans Moodle. J’utilise une plateforme de type Rachel pour toutes mes ressources ouvertes (www.rachel.worldpossible.org)« .

Le futur

Le travail ne manque pas, pas plus que les projets. « Nous avons un problème croissant de toxicomanie et d’abus sexuels sur les mineurs dans les communautés rurales et je travaille avec deux organisations pour essayer de développer des dossiers d’information pour les pasteurs et les parents afin qu’une aide puisse être disponible au niveau local. Je voudrais aussi inclure nos manuels scolaires du Zimbabwe en tant que ressource électronique. Enfin, je travaille actuellement sur l’alphabétisation des adultes suite à une demande d’un camp de réfugiés au Zimbabwe où de nombreux résidents ne parlent pas anglais et beaucoup n’ont même pas été scolarisés dans leur propre langue.« 

Ce projet vous inspire ? Vous souhaitez apporter votre soutien ? N’hésitez pas à consulter le site du projet !

Milieu carcéral

Le projet

Pour finaliser cet article, j’ai le plaisir de pouvoir recueillir le témoignage d’Anne Garnavault, administratrice des plateformes pédagogiques de l’université de Caen depuis 2008. Elle travaille actuellement au Centre d’enseignement Multimédia Universitaire (CEMU) en charge de l’Enseignement à distance (EAD) et service d’appui à la pédagogie. Et elle est à la base du dispositif inédit de la “MoodleBox en prison” mis en place en 2017 au centre pénitentiaire de Caen.

Au début purement expérimental, le dispositif est reconnu après quelques années. Anne précise : « En septembre 2021, le dispositif est labellisé “Campus connecté” (labellisation mise en place par le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche) et est soutenu activement par la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP – dépendant du Ministère de la justice). Cela permet d’accueillir sur la MoodleBox en prison des formations conçues dans d’autres universités. Un accord cadre entre les deux ministères a été mis en place pour faciliter l’essaimage des Campus Connectés en prison« .

D’autres projets sont en cours d’expérimentation (Région PACA, Nord, Polynésie Française) avec une dizaine de MoodleBox installées dans des centres pénitentiaires.

Anne participe à la communauté Moodle depuis 2009. « C’est au travers de discussions, en particulier avec Nicolas Martignoni que j’ai découvert la MoodleBox« , ajoute-t-elle. « Les modalités en EAD étaient totalement fermées pour les étudiants n’ayant pas accès à internet, ce qui est le cas pour les étudiants incarcérés. La MoodleBox permet l’accès au numérique web sans Internet« .

Le terrain

Qu’en est-il des mesures de sécurités propres au milieu carcéral ? « La MoodleBox installée en milieu pénitentiaire est totalement déconnectée d’internet, installée dans un réseau ultra local dans la salle d’enseignement. Le wifi est totalement désactivé car interdit par la DAP » nous raconte-t-elle.

Les retours d’expérience sont aussi intéressants. Anne développe : « Ils sont plutôt positifs mais l’installation et ensuite le processus de mise à disposition des cours tout en gardant les traces des étudiants n’est pas simple. Nous avons amélioré nos procédures au fil du temps. Concrètement nous nous déplaçons deux fois par mois pour changer la carte SD afin d’apporter les cours mis à jour entre les deux.« 

Les étudiants qui utilisent la MoodleBox sont extrêmement satisfaits de pouvoir accéder à des ressources médiatisées (H5P, Vidéos, Audios…). Au point que certains continuent ensuite leurs cursus hors des murs. « Cela réduit considérablement la fracture numérique initiale, précise Anne, et les taux de réussite sont meilleurs. Par exemple, sur 6 étudiants inscrits au DAEU en 2019, 5 ont obtenu leur diplômes dont certains avec mention ! ».

Les contraintes

Toutefois pour des raisons de sécurité, la MoodleBox n’est pas accessible hors de la salle pédagogique ce qui implique de multiples contraintes pour les étudiants, en particulier:

• impression des documents PDF pour étudier en cellule ;
• téléchargement des vidéos ou audio sur des disquettes souvent insuffisantes en terme de capacité (clés usb et autres supports amovibles totalement interdits) ;
• accès impossibles aux ressources externes disponible par liens internet.

Mais les contraintes ne s’arrêtent pas là. Anne souligne : « Pour la connexion, la salle pédagogique n’est pas accessible en permanence : horaires d’ouvertures limités, coupures électriques fréquentes. Lors de chaque confinement, au moment de la crise COVID, cette salle était totalement fermée pendant plusieurs semaines. De plus, si une panne existe, il faut attendre le passage soit de la personne en charge du réseau , soit de la personne du CEMU.« 

De plus, « Concernant l’équipe qui met à jour les cours, le processus est complexe et lourd car il est réalisé manuellement (sauvegardes/restaurations). Il n’existe pas d’outils qui permet d’automatiser la mise à jour en conservant les traces des étudiants directement sur la MoodleBox. Nous devons conserver les logs et sauvegardes sur des supports externes« , finit-elle.

Que devrait-il être ajouté à la MoodleBox pour la rendre plus utilisable dans ce contexte particulier ? Anne nous répond : « Ce qui manque c’est une réelle synchronisation entre la MoodleBox et une plateforme Moodle externe. Le système de sauvegarde/restauration ne permet pas, de façon simple, de restaurer un cours sans effacer les traces des étudiants. Nous avons déjà réalisé un cahier des charges à ce sujet et sommes à la recherche de développeurs. Le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche nous soutient dans cette démarche« .

Le futur

Les défis ne manquent pas, s’enthousiasme Anne. « L’idéal c’est que les salles pédagogiques puissent être connectées à Internet (sous contrôle). Le projet pourrait être intégré à un projet plus large, dénommé Numérique en Détention (NED).

Techniquement, il est possible que le projet MoodleBox en prison ne soit qu’une passerelle et ont peut tout à fait imaginer qu’un jour les étudiants incarcérés aient accès à leurs cours dans leur cellule grâce au NED.

Un groupe de travail au sein de la Fédération Interuniversitaire de l’enseignement à distance (FIED) travaille sur les questions de l’accès pour les étudiants incarcérés à l’enseignement supérieur. La problématique se situant essentiellement sur l’accessibilité des ressources et l’accompagnement des étudiants, en particulier le tutorat. Leur prochain congrès portera sur ce sujet« .

A ma question de savoir comment les lecteurs pourraient soutenir ce projet, Anne répond très généreusement : « Il s’agit surtout de soutenir le projet MoodleBox porté par Nicolas (Nicolas Martignoni, le mainteneur de la MoodleBox, NdA.). Il s’agit d’un projet Open Source que chacun peut s’approprier mais aussi pour lequel il est possible de participer très librement (développement de nouvelles fonctionnalités, tests, dons par exemple)« .

Conclusion

La MoodleBox est une solution mobile indépendante d’Internet qui vous permet de créer votre propre réseau local, comme un boss. Vous pouvez vous connecter à ce réseau avec n’importe quel appareil compatible Wi-Fi, comme votre smartphone, votre tablette ou votre ordinateur. Et le meilleur dans tout ça ? La MoodleBox vous fournit une plateforme Moodle complète et prête à l’emploi. C’est comme si vous aviez votre propre LMS qui tient dans une petite boîte de 9 x 6 x 3 cm. Et si vous avez besoin de l’emporter avec vous, pas de problème, la MoodleBox est facilement transportable et peut être alimentée par une prise électrique et son alimentation. En panne d’électricité ? Pas de panique, vous pouvez même utiliser une « powerbank » ou des panneaux solaires. Et tout ça à un prix qui reste raisonnable, autour de 100 euros.

Dans cet article, vous avez examiné les performances, satisfaisantes, de la MoodleBox et savouré différents cas d’utilisation.

Avec une mention particulière pour Nicolas Martignoni et Christian Westphal, sans lesquels aucun de ces projets n’aurait été possible, je souhaite exprimer ma reconnaissance à Daniel Méthot, Alain Sossah, Dan McGuire, Ian Amess, et Anne Garnavault pour leurs témoignages si précieux.

N’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions ou des commentaires sur cet article . Vous pouvez aussi poster vos questions sur notre groupe FaceBook francophone d’entraide Moodle.

Si vous avez apprécié cet article, vous pouvez soutenir le projet MoodleBox !